Démythifions l’hernie discale
Les maux de dos, ça vous connait? Sachez qu’environ 40% à 70% d’entre nous serons atteints d’une forme de douleur lombaire au cours de notre vie. Entre autre, l’hernie discale fait partie des pathologies qui indisposent plusieurs personnes.
Un brin d’anatomie
Pour la comprendre, débutons par un brin d’anatomie. Notre colonne vertébrale, composée d’une succession de vertèbres, est divisée en 3 grandes sections : cervicale (cou), thoracique (haut du dos) et lombaire (bas du dos). Entre les vertèbres, nous retrouvons les disques intervertébraux qui aident à absorber les chocs et favorisent la mobilité. Ces anneaux fibreux (annulus) contiennent en leur centre un noyau plutôt gélatineux (nucleus). Or, l’hernie discale sera rencontrée si le noyau gélatineux migre vers l’arrière (ou en postéro-latéral) et exerce ainsi une poussée sur l’anneau fibreux.
Qu’est-ce qu’une hernie discale?
Touchant surtout les individus entre 35 et 55 ans, l’hernie discale est donc présente lorsqu’un disque intervertébral forme une saillie à l’extérieur de sa zone habituelle. Selon le degré d’atteinte, une personne peut se présenter avec un disque affaibli, fissuré ou rompu. Lorsqu’il est rompu, une partie du noyau gélatineux fait irruption en dehors de l’anneau.
Nous distinguons 3 catégories d’hernie discale :
- Bombement ou protrusion discale : À ce moment, le disque est déformé, mais le noyau gélatineux est encore contenu dans l’anneau fibreux.
- Extrusion : L’anneau fibreux à eu un bris important et le noyau n’est plus contenu par celui-ci. Toutefois, la partie qui forme une saillie reste en contact avec le noyau gélatineux.
- Séquestration : La partie formant une saillie n’est plus en contact avec le noyau.
Bombement/protrusion
Extrusion
Séquestration
L’hernie discale illustrée
Par exemple, pensez à un beigne fourré à la confiture. Si vous le pressez suffisamment d’un côté, il commencera simplement par se déformer en gonflant du côté opposé (bombement). Puis, si vous augmentez la pression, le beigne pourra se fissurer et vous verrez la confiture s’échapper de l’autre côté (extrusion). Bien que cette image soit vulgarisée car votre disque est beaucoup mieux fait qu’un beigne, cela permet de comprendre le phénomène d’un noyau gélatineux entouré de couches fibreuses. D’ailleurs, sachez que vos disques intervertébraux sont extrêmement solides. Un simple mouvement ne devrait donc pas causer d’hernie discale.
Plusieurs facteurs peuvent causer une hernie discale :
La dégénérescence des disques intervertébraux, qui avance avec l’âge.
Une action brusque dans une mauvaise posture.
Un accident de voiture.
Un surplus de poids et/ou une grossesse, qui augmentent les tensions sur la colonne vertébrale.
Le tabagisme.
Un travail physique qui nécessite de se pencher ou de soulever des charges à répétition.
Tout ce qui augmente la pression sur les disques intervertébraux.
Symptômes :
Les signes et symptômes dépendent de la gravité de l’atteinte du disque intervertébral ainsi que de la localisation de l’hernie discale. Une personne peut éprouver une simple douleur, raideur ou sentir son dos ‘’barrer’’. Si l’hernie discale comprime une racine nerveuse, elle peut s’accompagner d’irradiations dans la fesse/hanche/jambe (hernie lombaire) ou dans un bras (hernie cervicale). La douleur tend à augmenter lorsque la personne se penche, tousse ou va à la selle.
De même, tous n’éprouvent pas le même dérangement pour une même condition. Ainsi, une personne pourrait ressentir une douleur modérée plus localisée au niveau du dos ou du cou alors qu’une autre souffrirait d’irradiations intenses dans les membres.
De plus, si le disque comprime une racine nerveuse, l’hernie discale peut alors provoquer des engourdissements, une perte de sensibilité et même une faiblesse au niveau de la jambe (hernie lombaire) ou au niveau du bras (hernie cervicale).
Diagnostic
L’examen clinique d’un médecin suffit normalement à confirmer l’atteinte discale. En cas de doute, celui-ci pourra suggérer une IRM (imagerie par résonance magnétique) ou un examen de tomodensitométrie. Néanmoins, il est important de savoir que l’examen clinique domine toujours sur les résultats d’imagerie. En effet, l’imagerie n’explique pas toujours la raison des douleurs. Il est donc possible d’apercevoir une hernie discale sur l’imagerie sans avoir de symptômes cliniques.
Traitements possibles :
La très grande majorité des hernies discales sont bien traitées et récupèrent bien à l’aide de traitements conservateurs incluant la médication et la physiothérapie.
- Médicaments : Antalgiques et relaxants musculaires
- Physiothérapie : Les patients travailleront de pair avec les thérapeutes pour reprendre le contrôle de leur condition. Le nombre de traitements nécessaires varie d’une personne à l’autre.
- Chirurgie : Dans de rares cas, impliquant de la paralysie ou une atteinte de la moelle épinière, une intervention chirurgicale est indiquée.
- Après une intervention, il convient de référer le patient en physiothérapie pour du renforcement. Le processus de guérison peut être court ou long et exigera de la part du patient qu’il s’implique activement dans sa rééducation.
Que dois-je faire?
- Si vous croyez avoir une hernie discale, il vaut la peine d’en parler avec son médecin ou son physiothérapeute.
- La période de repos suggérée est normalement de 2 à 7 jours. Par la suite, il est primordial de bouger progressivement! Ne restez pas assis pendant de longues périodes, car la pression sur votre disque intervertébral est accrue en position assise. Changez de position souvent et marchez.
- Évitez les activités qui surchargent la région lombaire pour un temps, soit ceux où l’on doit se pencher régulièrement ou soulever des charges. (Pelleter, kayak…)
- Évitez les charges lourdes. Si vous devez soulever un charge, il est primordial de la prendre le plus près du corps possible et sans torsion du rachis. Si vous devez vous pencher vers le sol, pliez les genoux.
- Soyez bien positionnés. Surveillez votre posture lombaire, surtout votre posture assise. En position assise, tentez de bien garder un support au niveau du bas du dos et évitez d’avoir les jambes allongées devant vous. Pensez plutôt à mettre les fesses bien au fond de l’assise et les pieds au sol. En position couchée sur le dos, un oreiller sous les genoux est normalement bénéfique. Si vous êtes couchés sur le côté, il vous sera suggéré de fléchir légèrement les hanches et les genoux et de placer un oreiller entre vos deux jambes.
Ne vous alarmez pas!
Le pronostic pour les gens atteints d’hernie discale est généralement très bon. Il est intéressant de savoir que beaucoup de gens présentent des bombements discaux sans avoir de symptômes. Effectivement, une partie de la population atteinte d’une hernie discale (bombement et extrusion) ne présente aucune douleur (Weishaupt 1998). Le niveau de douleur ressentit est alors un facteur trop variable pour déterminer la gravité réelle de l’atteinte. Une évaluation clinique par un thérapeute qualifié ou un médecin donnera une information plus détaillée de votre condition.
Dans tous les cas, si vous présentez des douleurs persistantes au niveau du rachis, de la fesse, de la jambe ou du bras, ou si vous présentez d’autres symptômes incommodants qui vous inquiètent, n’hésitez pas a consultez un médecin ou un physiothérapeute pour avoir une évaluation adéquate.